mercredi 3 avril 2024

News et pensées en vrac

J'ai repris le début de récit de ma relation avec Melanie que j'avais commencé il y a une bonne vingtaine d'années, et qui s'arrêtait avant le début de nos amours à proprement parler.

Les notes que j'ai rassemblées ces derniers mois pour Les Filles des Villes du Nord m'ont été utiles aussi ; d'ici quelques jours j'en aurai fini, si je puis dire, avec elle.

Il m'apparaît de plus en plus qu'écrire doit être mon activité artistique principale ; la fiction interactive, le jeu de rôle, la musique, la photo, tout, au final, se rapporte au langage, à la pensée, aux souvenirs, au récit, et rien de ce que fais n'existe sans être accompagné par un certain storytelling – pour utiliser un terme à la mode depuis quelques années.

Deuxième chose : mes mémoires doivent figurer parmi mes principaux projets littéraires, tout d'abord parce que c'est à peu près le seul moyen que j'aurai, n'ayant pas d'enfant, de transmettre ce que j'ai vu et connu, pensé, fait, aimé ou haï, au cours de ma vie ; ensuite parce qu'il clair, au bout de toutes ces années, que ma propre vie et ma propre mémoire, fussent-elles largement maquillées ou réarrangées, sont ma source première d'inspiration littéraire ou musicale, et qu'il m'est important d'accompagner mes oeuvres par des commentaires autobiographiques – en ce moment via la forme de l'auto-interview, mais tout est envisageable dans ce domaine.

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J'ai achevé mon PDF de photos de Nancy, et l'ai uploadé sur mon compte Archive personnel, sous le même titre que le blog : Fragments Nancéiens.

Je pense ne plus me lancer dans d'autres expéditions photos à Nancy. Cette oeuvre-là aussi est achevée. Et la période de ma vie qui y correspond, également.

Il faudrait pour clôre complètement cette séquence que je termine Adieu à Nancy. Je le ferai sans doute comme pour la plupart de mes autres travaux : en renonçant à vraiment aller au bout, et en publiant une version "acceptable".

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J'aime beaucoup le game engine Bitsy et ai très envie de faire un petit quelque chose avec. Rien de compliqué ou de vraiment interactif ; juste créer quelques lieux, quelques sprites, des petits textes d'ambiance, un truc dénué de sens ou tellement cryptique qu'il paraîtra l'être, mais poétique.

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J'ai abandonné une fois pour toutes l'idée de Langh-Hath comme fiction interactive ; je vais essayer d'en faire un roman. Il faut que je me force à prendre le temps pour ça. L'écriture en elle-même ne posera pas de problème, je pense, je ferai très simple du point de vue stylistique ; l'idée est de raconter une histoire, la littérature comme art, je crois que je m'en tape. Ma démarche est autre, c'est une démarche de pure compensation et de vengeance contre le réel.

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Suite à la mort de mon camarade de collège Jean-Michel j'ai mis en ligne diverses répétitions, démos, chansons en concert de son vieux groupe Lisence to Confuse, mais aussi une petite répète de quand je jouais avec lui et Michael, dans ma cave, rue Saint-Denis. Rien d'immortel ou qui mérite d'être réédité, évidemment, juste du n'importe quoi adolescent, mais c'est étrange de réentendre ça exactement 30 ans après.

https://drive.google.com/file/d/1eBEY7BSpQ8YGs9L-SCW2ruKGrllFGM_e/view?usp=drive_link

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Que faisais-je en février 2004 ?

Si j'en crois mes albums photos :

- J'ai reçu une visite d'Alix chez moi, rue Guerrier de Dumast

- J'ai assisté à un excellent concert de Beinhaus à L'Austrasique

- J'ai passé une nuit chez Gauvain, à Bouxières

- Je me suis promené à Hanweiler

- J'ai bu un coup avec Florence au Pinocchio

- J'ai visité Haguenau en famille

- J'ai été DJ dans une soirée goth au Luxembourg, au Rox Bar plus précisément, avec Sandra et Maxime

Soit l'emploi du temps d'une année entière, à mon âge actuel, 43 ans, bientôt 44.

Le 9 mars normalement j'irai passer la nuit à Nancy chez France et nous irons à un concert d'EPK, ou peut-être à une fête techno dans un bled à quelques km.

Le 7 décembre j'irai voir Front 242 à Paris avec Pierre. C'est leur tournée d'adieux.

Quoi qu'il en soit je me suis promis de reprendre une vie sociale et des sorties.

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Sur le compte Archive de Cauldron Music, j'ai commencé à uploader ma collection de mixtapes d'adolescence, où je mélangeais tout et n'importe quoi, extraits d'albums, d'émissions de radio, brouillons ou versions définitive de morceaux à moi...

https://archive.org/details/a-private-collection-of-teenage-mixtapes

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Que m'ont apprises toutes ces dernières années en matière de création musicale ? Au sujet, plus précisément, de ma propre créativité ?

• Que changer de style périodiquement, même (et surtout) radicalement, permet de renouveller son inspiration. Idem pour "changer de nom de projet". Dans l'absolu, même, il ne faudrait faire que des premiers albums, en changeant de genre à chaque fois.

• Que mes meilleurs albums, ou du moins ceux que je préfère, sont ceux qui n'étaient pas prémédités, qui se sont construits en quelque sorte tous seuls, au fil du temps et du hasard. Que je dois m'efforcer de composer, travailler "à l'aveugle", sans préméditer le résultat final, sans penser déjà aux réactions et au discours qui entourera l'album avant d'en avoir écrit la première note ; parce que ça crée plus d'angoisse que de plaisir, et que ça produit des albums plus médiocres.

• Que je peux me tromper longtemps sur la nature de ma propre musique et d'un projet musical en particulier : j'ai par exemple cru jusque récemment que Maelifell avait une identité musicale précise et que  comme je ne souhaitais pas m'y replonger sa discographie était donc close ; il m'a fallu m'y repencher en détail pour réaliser qu'en réalité nous n'avions JAMAIS sorti deux releases identiques du point de vue stylistique, et que donc Maelifell n'avait pas d'identité en dehors du fait d'être le groupe de Xavier et moi. Et donc que nous étions libres. Que ça pouvait continuer.

• Que les "genres musicaux" et les "scènes" sont des prisons. Y appartenir, une castration. Les groupes que j'aime sont ceux qui ont crée leur propre genre (et ont été imités ensuite par des milliers d'autres mais c'est une autre question). Et tout cela, d'autant plus dans la mesure où Xavier et moi avons involontairement "inventé" le dungeon synth avant de découvrir qu'il existait déjà, et que nous avons également "inventé" la musique industrielle avant d'entendre parler de Throbbing Gristle. En toute humilité, nous sommes des inventeurs, pas des suiveurs.

• Que je peux trouver du sens, une exégèse complète, à des albums (comme "Im Kreis der Birken") dont le contenu tient à moitié du hasard de l'impro, à moitié du raclâge de fonds de tiroir. Moralité : je n'ai pas BESOIN de partir d'un concept ou d'idées même en vrac, la musique seule suffit, elle se fait d'elle-même, et j'y trouverai tout le sens dont j'ai besoin, après coup.

• Que mes faibles capacités ET mes choix esthétiques me privent probablement à jamais de tout succès et même de tout respect ; qu'il est probable que l'immense majorité des gens qui tombent sur mes morceaux doivent pouffer de rire ou de mépris. Et que je dois non seulement l'accepter mais y trouver un certain plaisir.

• Que créer comporte une part de magie, au sens fort du terme, et qu'il faut s'attendre à des phénomènes inexplicables comme les synchronicités : ainsi Florence m'avait offert le livre "En Patagonie" de Bruce Chatwin à l'époque où je travaillais sur l'album du même nom, ce qu'elle ne savait pas. De même, depuis 2017, Xavier a involontairement racheté le même 4-pistes Yamaha que j'utilisais à l'époque, et moi je suis tombé "comme par hasard" dans une vitrine sur le magnétophone Grundig que j'avais enfant et sur lequel j'ai fait mes tout premiers enregistrements.

• Qu'être mon premier fan, mon premier critique, mon propre biographe, et qu'écrire au sujet de ma musique comme d'un sujet culturel de premier plan, était tout-à-fait légitime et bénéfique. L'humilité n'apporte aucun plaisir ni aucune plue-value en matière d'art.

• Que mentir éhontément, monter des canulars, verser dans la fiction pure, était tout aussi légitime et amusant. La vie est insuffisante mais l'imaginaire permet non seulement de se consoler mais aussi d'élargir la vie en retour, de créer de nouvelles situations dans la vie réelle. L'imaginaire ensemence la vie réelle.

• Que dans la mesure où j'ai passé près de 10 ans sans faire, quasiment, de musique (entre ma rupture avec Florence et mes retrouvailles avec Xavier) pour m'y remettre suite à un pur hasard de la vie, il est donc impossible de savoir quand sa "carrière" s'arrêtera, ni, quand elle s'arrête, si c'est définitif ou pas. Autrement dit on ne maîtrise pas le fait d'avoir ou non une activité artistique. Ça s'impose à vous ; et ça peut disparaître même si on ne le souhaitait pas.

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Il y a tellement de choses dans la vie créative qui relèvent du pur TRAVAIL, d'un travail assommant, ingrat, qui en prime ne paie pas...

Quand je pense qu'à une époque j'ai été assez masochiste pour me faire un tableau Excel où consigner les dates de mes posts "publicitaires" sur Facebook : pour tel album, sur tel groupe, tel jour... Quelle plaie.

D'une manière générale, assimiler de plus en plus mes activités créatives – musicales en l'occurence – à un travail, à une obligation, à des efforts fastidieux, à une corvée me volant du temps de repos... m'a tout logiquement conduit ces derniers temps à en avoir marre, envie d'arrêter. De la même manière que la complexité d'Inform + le temps que prend la création d'une I.F + l'indifférence du milieu, m'ont fait plus ou moins arrêter ce hobby qui n'en était plus un, en terme de plaisir.

La question se pose, en fait, et les réponses ne sont pas si évidentes que ça : qu'est-ce qui me fait plaisir ? Qu'est-ce que j'aime ? Quelle activité m'apporterait amusement et délassement, plutôt que des soucis et des efforts ?

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Ce qui est sûr c'est que j'aime lire des PDF sur Archive.org, que ce soit des fanzines numérisés, des publications ésotériques, des manuels de programmation neuro-linguistique ou n'importe quoi d'autre, généralement assez chelou, underground, et dont le côté un peu primitif des PDF accentue le charme mystérieux. Publier de tels documents me semble plus excitant que d'avoir, en comparaison, un compte Instagram.

J'ai d'ailleurs fermé tous mes comptes Instagram. J'uploaderai mes photos sur Facebook et me ferai peut-être un photoblog public à l'occasion. Je vais essayer de quitter les réseaux sociaux autant que faire se peut.

Avec Delwiche, déjà, au temps béni de la NPO et de nos activités underground, nous avions commis des textes ensemble, quelque part entre le recueil de nouvelle, le manifeste artistique, le manuel d'occultisme ou de jeu de rôle... C'étaient des objets inclassables, à la mise en page à la fois chaotique et soignée, comme celui-ci qui est l'oeuvre de David seul il me semble, mais qui est la quintessence du genre d'OVNI que j'aimerais produire.

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