mardi 25 avril 2023

Saga (in English)

I've been playing Saga again, still on CPC, for the last few days. I'd forgotten just about everything about the game, except that I'd liked it and that its scenery had left an impression on me as a child, because although it was set in a medieval world, it reminded me of my own real world, my immediate environment.

The image above reminded me, as a child, of the Vosges, where my parents used to take us on vacation. In passing, I realize that these black drawings on a green background also remind me of some very old regionalist magazines, full of old folk engravings, which intrigued and even fascinated me as a teenager (that's how much of a nerd I've been for a long time) and which were, precisely, usually printed on cheap, greenish paper.

There's nothing so "medieval" about these views of an old village. A decrepit cemetery wall, a dirt road, houses in the distance. The game could just as easily be set in a backward village in 2019.

This anachronism, which isn't really an anachronism at all, also contributes to the impression, while playing, of not being in any specific era, nor even in any specific universe – neither real world, nor imaginary fantasy world – but in a kind of eternity that is that of memory, of culture, where everything is superimposed.

Saga

J'ai rejoué à Saga, toujours sur CPC, des derniers jours. J'avais à peu près tout oublié de ce jeu, si ce n'est qu'il m'avait plu et que ses décors m'avaient marqué, enfant, car bien que mettant en scène un monde médiévalisant, ils me rappelaient mon univers réel, à moi, mon environnement immédiat.

L'image ci-dessus me faisait penser, enfant, aux Vosges, où mes parents nous emmenaient en vacances. Je réalise au passage que ces dessins noirs sur fond vert me rappellent aussi certaines très vieilles revues régionalistes, bourrées de vieilles gravures folkloriques, qui m'intriguaient et me fascinaient même, adolescent (c'est vous dire à quel point je suis un gros ringard depuis longtemps) et qui étaient, précisément, généralement imprimées sur un papier verdâtre, bon marché.

Rien de si "médiéval" dans ces vues d'un vieux village. Un mur de cimetière décrépi, un chemin de terre, des maisons au loin. Le jeu pourrait tout aussi bien se passer dans une bourgade arriérée en 2019.

Cet anachronisme qui n'en est pas vraiment un participe lui aussi de cette impression, en jouant, de n'être dans aucune époque précise, en réalité, ni même dans aucun univers précis – ni monde réel, ni monde imaginaire de fantasy – mais dans une sorte d'éternité qui est celle de la mémoire, de la culture, où tout est superposé.

mercredi 5 avril 2023

Materiality

Yesterday I tested the Dictaphone I bought second-hand by recording a bit of zither on it (a zither I really need to have recorded and tuned). Listening to those few minutes again was enchanting. The dirty, trembling sound of the zither accompanied by the gentle hum of the Dictaphone's motor, picked up by its own microphone, had something primitive, ancestral about it, like an ethnographic recording from the early 20th century; or simply like a cassette from my own past, like those babblings of my sister and me as babies that Mum had put on cassette. The murmur and all the sound defects of cassettes are for me the sound of the past, the sound that brings the past to life.

There's also something magical about having your music in a box – whether it's a dictaphone, a cassette recorder or a digital recorder – and being able to say to yourself "my music's in there". This gives a materiality to the music that doesn't exist when you work on a computer (even though there's no huge difference in nature between a digital Tascam and a PC). And it also brings back memories of my youth, of the working conditions of my youth.

What I compose is ever dirtier, ever more primitive, ever more autistic. I'm mentally progressing towards the idea of composing for myself alone, that is, composing things that will have no public release, no public existence – except perhaps in the form of items hosted by Archive.org, put online without any ceremony, no announcement, anonymously.

Matérialité

Hier j'ai testé le dictaphone que j'ai acheté d'occasion en y enregistrant un peu de cithare (cithare qu'il faudrait vraiment que je fasse recorder et accorder). Réécouter ces quelques minutes était un enchantement. Le son sale et tremblotant de la cithare accompagné par le doux ronronnement du moteur du dictaphone, capté par son propre micro, a quelque chose de primitif, d'ancestral, comme un enregistrement ethnographique du début du XXè siècle ; ou simplement comme une cassette surgie de mon propre passé, comme ces babils d'Émilie et moi, bébés, que Maman avait mis sur cassette. Le souffle et tous les défauts sonores des cassettes sont pour moi le son du passé, le son qui fait revivre le passé.

Il y a quelque chose de magique aussi dans le fait d'avoir sa musique dans une boîte – que ce soit un dictaphone, un magnétophone à cassettes ou un enregistreur numérique – et de pouvoir se dire "ma musique est là-dedans". Cela donne une matérialité à la musique qui n'existe pas quand on travaille sur un ordinateur (alors même qu'il n'y a pas de différence de nature gigantesque entre un Tascam numérique et un PC). Et ça fait ressurgir également des souvenirs de jeunesse, des conditions de travail de ma jeunesse.

Ce que je compose est toujours plus sale, primaire et primitif, et toujours plus autiste. Je progresse mentalement vers l'idée de composer pour moi seul, c'est-à-dire de composer des choses qui n'auront aucune sortie publique, aucune existence publique – si ce n'est peut-être sous la forme d'items hébergés par Archive.org, mises en ligne sans aucune cérémonie, aucune annonce, anonymement.