Hier j'ai testé le dictaphone que j'ai acheté d'occasion en y enregistrant un peu de cithare (cithare qu'il faudrait vraiment que je fasse recorder et accorder). Réécouter ces quelques minutes était un enchantement. Le son sale et tremblotant de la cithare accompagné par le doux ronronnement du moteur du dictaphone, capté par son propre micro, a quelque chose de primitif, d'ancestral, comme un enregistrement ethnographique du début du XXè siècle ; ou simplement comme une cassette surgie de mon propre passé, comme ces babils d'Émilie et moi, bébés, que Maman avait mis sur cassette. Le souffle et tous les défauts sonores des cassettes sont pour moi le son du passé, le son qui fait revivre le passé.
Il y a quelque chose de magique aussi dans le fait d'avoir sa musique dans une boîte – que ce soit un dictaphone, un magnétophone à cassettes ou un enregistreur numérique – et de pouvoir se dire "ma musique est là-dedans". Cela donne une matérialité à la musique qui n'existe pas quand on travaille sur un ordinateur (alors même qu'il n'y a pas de différence de nature gigantesque entre un Tascam numérique et un PC). Et ça fait ressurgir également des souvenirs de jeunesse, des conditions de travail de ma jeunesse.
Ce que je compose est toujours plus sale, primaire et primitif, et toujours plus autiste. Je progresse mentalement vers l'idée de composer pour moi seul, c'est-à-dire de composer des choses qui n'auront aucune sortie publique, aucune existence publique – si ce n'est peut-être sous la forme d'items hébergés par Archive.org, mises en ligne sans aucune cérémonie, aucune annonce, anonymement.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire