Minecraft a plus de 5 millions de joueurs ayant acheté la licence. Ce qui signifie quelques dizaines de millions de mondes potentiels, en mode solo. Et tous les mondes multi-joueurs hébergés sur le net.
En un peu plus d'un an, ce jeu est devenu impossible à explorer exhaustivement. Personne sur terre ne pourra jamais visionner un panorama complet des constructions de tous les joueurs de ce jeu. C'est devenu un univers dans l'univers. Un infini dans l'infini. Ceux que cette pensée ne trouble pas, sont des animaux.
Second Life est mort, discrédité, de toutes façons dès sa naissance ou presque, étouffé par le consumérisme qui y règne, par sa laideur aussi – comme quoi le photoréalisme n'est pas une garantie d'esthétisme – mais surtout par le fait que tout enjeu en est absent. Tout enjeu, tout effort, tout danger, toute problématique.
Je l'avais déjà écrit il y a presque un an :
"Second Life n'a rien d'un jeu ni aucune des caractéristiques qui font du jeu quelque chose de fondamental. Il ne s'y passe rien de particulier et on y est "libre" ; sauf qu'on est libre uniquement de ne rien faire de fondamental. Et qu'il ne s'y passe rien est la pire option imaginable : dans la vraie vie, il y a des épreuves à traverser, qui tombent du ciel ; il se passe des choses auxquelles on ne peut rien. Les choix sont limités. Et les jeux, qui reflètent ces épreuves à passer, permettent de s'y préparer, ou de sublimer, ou de se libérer. Second Life n'est pas un jeu, c'est même l'anti-jeu par excellence ; et ça n'est pas la vie, même seconde, ou même virtuelle ; ça n'est pas la vie, c'est son contraire."
Minecraft, par contre, c'est la vie – avec sa solitude fondamentale, l'indifférence de la nature, l'absurdité des difficultés et de l'adversité qui s'abattent sur nous – mais aussi, la possibilité de se construire quelque chose, pour soi. La possibilité de trouver un sens quand même.
"Second Life n'a rien d'un jeu ni aucune des caractéristiques qui font du jeu quelque chose de fondamental. Il ne s'y passe rien de particulier et on y est "libre" ; sauf qu'on est libre uniquement de ne rien faire de fondamental. Et qu'il ne s'y passe rien est la pire option imaginable : dans la vraie vie, il y a des épreuves à traverser, qui tombent du ciel ; il se passe des choses auxquelles on ne peut rien. Les choix sont limités. Et les jeux, qui reflètent ces épreuves à passer, permettent de s'y préparer, ou de sublimer, ou de se libérer. Second Life n'est pas un jeu, c'est même l'anti-jeu par excellence ; et ça n'est pas la vie, même seconde, ou même virtuelle ; ça n'est pas la vie, c'est son contraire."
Minecraft, par contre, c'est la vie – avec sa solitude fondamentale, l'indifférence de la nature, l'absurdité des difficultés et de l'adversité qui s'abattent sur nous – mais aussi, la possibilité de se construire quelque chose, pour soi. La possibilité de trouver un sens quand même.
J'ai souvent rêvé d'un espace virtuel où retrouver des amis et y bâtir un petit coin "à nous". C'est chose faite. C'est maintenant une chose possible. Mais alors que j'utilisais autrefois le verbe "bâtir" sans en peser les implications, Minecraft est allé plus loin : tout ce que vous voulez y avoir, vous devrez le gagner à la sueur de votre front (ou de votre index, plutôt) – mais la satisfaction est encore plus grande. L'impression d'y être. L'envie de le faire perdurer.
Quelque chose se joue dans Minecraft – quelque chose de lié à ce qu'il y a de fondamental dans la vie.