Aujourd'hui j'ai vu L'Ecorché, qui raconte l'histoire d'une petite communauté rurale, aux abords de la forêt, d'un meurtre non élucidé, d'une veuve inconsolable et d'un bureau de shérif qui est sur le point de fermer... mais qui va devoir rempiler quand un adolescent nu, couvert de sang, portant un couteau ayant servi au meurtre d'une jeune fille un an plus tôt, fait son apparition ; apparition qui n'est que la première d'une longue série de manifestations surnaturelles. On ne comprend pas plus que les protagonistes ce qui se passe jusqu'à la quasi-fin du film, qui n'a rien d'une grande révélation ou d'un retournement de situation, mais plutôt d'un lent éclaircissement – attention je spoile : les morts reviennent chercher leur bourreau.
Tout cela m'a redonné des envies d'écriture – moi aussi, avant de mourir, je veux écrire mon Salem ou mon Simetière. J'avais commencé un roman à quatre mains avec David il y a quelques mois, mais dans un registre plus gore, sans aucune recherche esthétique, psychologique, et même narrative – nous voulions juste voir si nous étions capables de faire comme ces écrivains-clochards qui survivent en publiant dix polars ou romans d'horreur, ou porno, ou tout ça à la fois, chaque mois de l'année.
Il faudrait peut-être que je fasse comme pour mon premier roman, jamais publié et d'ailleurs jamais vraiment écrit, en dehors de quelques scènes, d'un plan très détaillé et de tonnes de notes et commentaires... imiter Borgès et écrire une nouvelle sur ce livre, comme s'il existait et que quelqu'un d'autre l'avait écrit. Peut-être devrais-je noter sans aucun ordre des idées de personnages, de lieux, de situations, et mélanger le tout en secouant bien fort. Ma propre psyché donnera bien une logique à ce bordel, au bout d'un moment.
Note du 7 juin 2019 :
Treize ans après, je n'en ai toujours rien fait. Je n'ai jamais trouvé – ce doit être un talent à part entière – de monstre ou de manifestation surnaturelle dont je n'aurais pas profondément honte de l'inclure dans une histoire, en prenant les choses un minimum au sérieux. Peut-être suis-je un intello coincé, au fond. Peut-être aussi suis-je suffisamment horrifié par la vie réelle, la vie quotidienne, et de plus en plus, pour qu'aucun monstre surnaturel ne me paraisse pouvoir faire vraiment concurrence au cancer, au viol, aux guerres, à l'absurdité de la vie. Je le regrette un peu, car écrire un vrai roman d'horreur sans fioritures, qui tache, qui fait peur, qui prend ses monstres au sérieux (je pense à Spectres de Dean R. Koontz, par exemple) doit être un exercice très défoulant.
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